Démarche Artistique
La nature et les éléments sont les moteurs principaux de mon inspiration.
Cependant, c’est plus le symbolisme de la réalisation que la figuration propre qui me met en mouvement.
Limites, intégrité psychique et physique, véracité du vivant, des sensations, fiabilité de la mémoire et impact de ses traces sont au travail lorsque je peins.
Les images figuratives ou semi abstraites s’inspirent principalement de sensations et souvenirs. Lancinants, vigoureux, explicites ou au contraire, vagues, flous, ils se précisent et s’affirment au fur et à mesure que la composition s’établit et/ou que les formes apparaissent, se recréent.
Mon médium de prédilection est la peinture à l’huile que j’associe parfois avec l’encre.
Le préambule à la construction de la toile est le choix de la palette de base, primordiale pour accompagner les sensations. La toile peut rester brute (toile de lin encollée) ou un fond en aplats avec un choix de couleur restreint est posé.
La seconde étape est fortement gestuelle, et les médiums utilisés très fluides.
Sur ce un fond à l’origine « vide », la projection de l’état mental initie alors la création et la toile se pose comme espace de transformation et d’intériorisation.
« Le Vide est agissant, dynamique, l’espace nécessaire aux transformations, le lieu où le Plein peut se réaliser. » François Cheng (Le vide et le plein).
Accidents, évènements aléatoires viennent alors s’associer à l’intention de base. Il faut ainsi composer avec le hasard et l’inattendu.
Le geste est alors dans un troisième temps moins impulsif, la figuration et la symbolique devenant plus précises, plus élaborées. Les images ne sont pas complètement figées et peuvent se révéler au cours du travail.
La toile se comporte alors comme surface d’étayage à la pensée ; à l’image du Moi-peau de Didier Anzieu : réceptacle des expériences, lieu d’intégration et de transformation et de communication avec l’extérieur.
Issus de ces aplats, des espaces vides, étendues d’eau, chemins ou représentations végétales apparaissent alors comme des surfaces de réflexion, des lieux de croissance, de passages, de transition.
Au delà de la fragilité du vivant, de son impermanence, les images construites se veulent ainsi un éloge à « l’élan vital » (Bergson). Elan vital entendu comme processus créateur imprévisible qui organise les corps qu’il traverse.
Force qui saisit la matière, subissant ses contraintes, et qui introduit l’indétermination et la liberté.
Le langage des fleurs
Pour Bergson, « de décomposition en décomposition, (…) on va à l’infini » (L’évolution créatrice).
C’est ainsi que je me transforme, que je me construis : au travers d’un écoulement sans fin d’expériences et de sensations.
Mais lorsque l’émotion, la sensation fait évènement dans mon espace psychique ; cette surface à l’origine « vierge » (de cette expérience), quel impact ? Quelle place au développement de la pensée ? Quelle capacité à la transformation?
Place alors à la sidération ou à la capacité d’intégration : effondrement, dislocation, explosion,…, fragilité des certitudes, mouvance des croyances …?
Les toiles de cette série figurent la prise de risque qu’est l’engagement dans une relation (de confiance) à soi et à l’autre et de ses conséquences.
Car si je suis une toile perpétuellement vide, remodelée sans cesse, si je suis sans limite, que je m’effondre, je me fuis… comment « Je » négocie avec moi-même, avec l’autre, humain et non humain ?
Quelle relation peut s’établir puisque « Je » est à la fois changeant et vulnérable ? Lorsque tout est hors de contrôle?
Comment habiter ce corps ?
Comment composer avec ces espaces discontinus aux frontières fluctuantes, la défiance induite et les risques inhérents ? (peur, suspicion, repli sur soi,….).
Mes peintures figurent ainsi le vivant et les êtres et la représentation florale est ici un reflet de cette enveloppe de « nuances fuyantes « .
Organismes fragiles, variables, impermanents pourtant renaissants toujours, semblables.
Différents toutefois, transformés par l’expérience du temps qui passe et du vivre ensemble ; nourris par les absences, les espoirs, les regrets, les désirs assouvis, les évitements…
Terres natales
Série mixte composée à la fois de paysages intérieurs et de paysages « réels » : images de lieux intégrés comme une partie de nous même et qui acquièrent une dimension symbolique.
– Paysage mental, un lieu ressource, de recueil, de souvenir réel ou imaginaire, un lieu où nous raccrocher, se reposer ou se construire.
– Mais aussi tous ses lieux réels, identifiés : espaces de naissance des joies, des peines, des émotions et sensations qui nous façonnent aujourd’hui, qui nous ont fait.
Ces espaces temps qui resurgissent parfois, peut être, de plus en plus fortement, que nos proches s’éteignent et que nous nous rapprochons de notre propre fin.
Des madeleines de Proust, des médiateurs qui nous invitent à « transformer aussi le Temps vécu en Espace vivant » (F. Cheng), qui nous invitent à nous reconnecter à nous même.
Et, par cet intermédiaire rendre hommage à la nature.
Série Les Passions tristes
La série « Passions Tristes » veut questionner des passions contemporaines aux liens et échos multiples. Elle tient son nom de l’expression de Spinoza.
Appuyée sur des événements ou photographies d’actualités, la série m’aide à penser les paradoxes et contradictions des situations.
Elle regroupe pour moi les orientations principales des passions tristes : le pouvoir sous toutes ses formes notamment celui de l’avoir et de la maîtrise des choses et des êtres vivants, haine, jalousie, négation de l’autre en tant qu’individu et tout simplement, comme être vivant.
Elle questionne également sa place dans ces jeux de rôles et sa propre responsabilité sur son devenir social, physique et mental (de tout ordre).
Ensuite les outils sont différents :
– Le dévoiement du spirituel et la question de la place de la femme dans les sociétés occidentales et orientales > L’air et le spirituel : « Dames Blanches »
– La manipulation des masses au travers du politique, de la (sur)consommation de masse, des ismes ancestraux ou contemporains… > Le feu et les prêcheurs de « ismes » qui, à coup de visions partielles des choses, attisent la haine et forcent les divisions : « Sibylles et Danaïdes »
Une troisième est en cours d’élaboration : « Les messagers d’Odin ».